Faut-il prévoir la réversibilité?

Ange plein de gaieté, connaissez vous l’angoisse,

La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,

Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits

Qui compriment mon cœur comme un papier qu’on froisse ?

Ange plein de gaieté, connaissez vous l’angoisse ?…

Charles Baudelaire dans « Les fleurs du mal » aborde ainsi le thème de la réversibilité, dans une perspective certes différente de la nôtre, mais avec des mots qui nous font croire qu’il avait anticipé bien des cauchemars de nos DSI contemporains.

Le même thème s’applique aux chemins de fer, à des automotrices fonctionnant dans un sens et dans l’autre, à la psychanalyse et au fantasme entre sujet et objet, à la théologie pour ce qui est des mérites des saints et de leurs bienfaits sur la communauté.

En informatique, le sujet à traiter est l’art de terminer un contrat d’externalisation avec un prestataire. Le sujet est très généralement douloureux, qu’il s’agisse d’une ré internalisation du service jusqu’alors délégué, ou d’un changement de prestataire externe. Se concrétise à ce moment là toute la dépendance qu’on a laissé s’installer vis à vis du fournisseur d’IT, toute la maitrise qu’on a laissé s’échapper. Le contexte est bien souvent polémique et l’on regrette de n’avoir pas pensé plus tôt à tout cela…

La réversibilité, cela se prévoit :

  • En incluant dans tout contrat d’externalisation une clause spécifique, applicable quelque soit la cause de la rupture. Cette clause doit prendre en compte les conditions, la gouvernance, les livrables, les délais de cette opération, les procédures d’arbitrage.

 

  • En excluant au mieux les causes qui rendraient l’opération difficile voire même impossible : développements en langages propriétaires, technologie trop confidentielles ou innovantes… Avoir conscience de «l’état de l ‘art » exigible du professionnel.

 

  •  En priorisant cet aspect vis à vis du nouvel entrant : sa coopération future n’est qu’à la condition que le système d’information reste opérationnel, en l’état dans lequel le laisse le partenaire précédent.

 

Le thème de la réversibilité met en fait en exergue le fait qu’une opération d’externalisation, cela se mène en mode projet : une phase de conception, une phase de sélection du partenaire, une phase de mise en œuvre qui nécessite de forts transferts de savoir-faire, une phase d’exploitation sur la base de métriques pensées ex ante, enfin une phase de fin de vie.

Naturellement, les phases de construction sont les plus exaltantes. On en oublie que l’enfer est pavé de bonnes intentions…

Chaque phase de ce cycle projet requiert ses propres repères. Un contrat d’externalisation est gravement incomplet chaque fois qu’un seul de ces aspects est occulté.

C’est le propos de ESCM, norme de qualité pour la gestion de la relation entre  Client et Fournisseur d’IT initiée par l’université de Carnegie Mellon, que Référence DSI porte dans les expériences riches et variées de ses collaborateurs.

 

4 réponses
  1. Thierry Adenis
    Thierry Adenis dit :

    Il ne sera jamais assez répété qu’une sous-traitance se pilote, et qu’un bon pilotage coûte entre 10 et 15% du coût total. En dessous de ce ratio, il y a de fortes chances que l’on se soit endormi sur le contrat …
    Et lorsque ce que l’on se réveille, il est toujours trop tard …
    Une réversibilité ou un transfert de sous-traitant, à l’instar d’un PRA, est un exercice (réel ou à blanc) qu’il convient de mener régulièrement pour valider que l’on maîtrise le contrat.

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  2. Tronc Etienne
    Tronc Etienne dit :

    N’oublions pas qu’il est préférable d’avoir une réversibilité « payante » et non gratuite. La démobilisation des équipes sortantes est un fait. c’est souvent un des plus gros problème rencontré en phase de réversibilité.

    Gérer la reversibilité en tant que projet avec des « livrables spécifiques » est certainement ce qui est de plus sécurisant.
    Autre point important vis à vis de la réversibilité c’est de l’amender au fil du contrat. Un contrat est fait pour évoluer, la réversibilité doit l’être également.

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